Le modal - Un summum de lyrisme pour l'improvisation
Généralités
On parle généralement de musique modale par opposition à la musique tonale. Nous verrons, après avoir éclairci cette notion de "mode", qu'en réalité la musique tonale est également modale, et vice-versa.
Les modes
Les modes sont donc la base de la musique modale. Mais qu'est-ce donc qu'un mode, finalement ? Grossièrement, on peut les voir comme une façon particulière d'agencer une gamme. En réalité, c'est on ne peut plus complexe, mais en pratique la subtilité des différentes acceptions du mot nous est totalement égale...
Ce qu'il vous faut surtout retenir, c'est que chaque mode possède une couleur propre, une sonorité bien spécifique. Mon but ici est de vous permettre de découvrir les septs plus connus, et les autres par vous même.
Si la notion n'est pas encore très claire, prenez exemple sur la musique tonale. Le mineur et le majeur sont deux modes que vous devriez connaître.
Les septs modes dont j'ai parlé, donc, sont ceux issus de la gamme majeure. Chacun d'entre eux est associé à un certain degré, tel que :
1° degré = Ionien
2° degré = Dorien
3° degré = Phrygien
4° degré = Lydien
5° degré = Mixolydien
6° degré = Eolien ou Aeolien
7° degré = Locrien
Ces noms tarabiscotés viennent de la grèce antique, et sont certes assez rebutant au départ, mais bien pratiques.
Une petite boutade verra le jour :
" - Merci.
- Dorien ! "
Je suis bien conscient qu'une vague plaisanterie, pas si follichonne que ça en plus, ne compense pas l'effort nécessaire à l'apprentissage de noms forts savants qui tendent plus à vous faire passer pour un fou que pour un musicien, mais je vous assure qu'ils sont répandus, et bien usités. D'où problème.
Bref, vous vous demandez peut-être ce qui se cache derrière ces petits noms bien sympathiques, et surtout quelle en est l'application concrète. Ca, c'est la prochaine partie, et tenez-vous bien, ça décoiffe.
Au fait, plus d'info sur les modes, c'est ici : http://fr.wikipedia.org/wiki/Mode_%28musique%29.
Utiliser les modes
Bien, vous savez maintenant à peu près ce qu'est un mode, et qu'il en existe sept issus de la gamme majeure. Vous connaissez également leurs petits noms : ionien, dorien, phrygien, lydien, mixolydien, eolien ou aeolien, et locrien.
C'est fabuleux !
Oui. Ce qui l'est moins, c'est que vous ne savez toujours pas quoi faire d'eux...
Avant de vous expliquer tout ça, je me dois de m'assurer que même toi qui dors au fond de la salle suive.
Une gamme majeure s'agence donc avec les intervalles suivantes :
1 ton - 1 ton - 1/2 ton - 1 ton - 1ton - 1ton - 1/2 ton
Jusque là tout va bien.
Ce qui est plus important de savoir, c'est que selon la règle de création des accords, nous savons quel est le sexe de l'accord porté par chaque degré. Ainsi, on a (ici, accords de quatre sons) :
1° degré = M7 (majeur sept)
2° degré = m7 (mineur sept)
3° degré = m7 (mineur sept)
4° degré = M7 (majeur sept)
5° degré = 7 (sept tout court ou de dominante)
6° degré = m7 (mineur sept)
7° degré = m7/5b (mineur sept quinte bémol)
Par exemple, pour la gamme de C (do) majeur, on aura :
CM7 (do majeur sept)
Dm7 (ré mineur sept)
Em7 (mi mineur sept)
FM7 (fa majeur sept)
G7 (sol sept)
Am7 (la mineur sept)
Bm7/5b (si mineur quinte bémol)
Super, n'est-ce pas ? Patience, on y arrive !
Si vous avez l'habitude d'improviser, ou si cela vous est arrivé quelques fois, vous connaissez sans aucun doute, et, encore mieux, utilisez, les fameuses gammes dites "pentatoniques mineures".
C'est très bien, très pratique, on évite les fausses notes et on est sûr de soi. Le problème, c'est qu'au bout de 10 minutes, à moins de s'appeler Steve Vay ou Jimmy Page (ce qui n'est pas votre cas puisque vous êtes en train de lire cet article. Si cependant cela l'était bien, merci de me le signaler...), l'auditeur s'endort ou, pire encore, l'improvisateur lui-même.
Grâce aux modes issus de la gamme majeure (les pentatoniques sont aussi des modes), vous allez pouvoir donner de nouvelles couleurs à vos improvisations, mieux exprimer et partager vos sentiments, faire couler les larmes de l'auditoire quoi.
Il m'est cependant nécessaire ici de vous faire noter une chose importante. La musique est sans aucun doute l'art le plus proche des mathématiques, en ce sens que, comme elles, elle est d'une rigueur implacable, froide, belle. Néanmoins, la théorie elle-même ne peut être une fin en soi, elle n'a pour but que de nous donner le plus d'outils possibles afin de favoriser notre développement artistique. Mais la palette ne fait pas le peintre.
Peut-être n'est-ce pas très clair.
Passer du tonal au modal, c'est un peu comme passer du noir et blanc à la couleur. Certes. Il n'empêche que, couleurs ou pas, c'est à vous de peindre la toile. Et il existe aussi de nombreuses choses somptueuses en noir et blanc.
Ainsi, la connaissance des modes n'exclut pas le travail, au contraire. Elle élargit notre perception, ouvre de nouveaux paradigmes. Reste qu'il faut les découvrir un à un...
Bref, revenons en à nos brebis.
Nous avons dit que le deuxième degré de la gamme de C (do) majeur était D (ré), et qu'il était mineur.
Donc, lorsqu'on a un Dm (ré mineur) ou Dm7 (ré mineur sept), on peut improviser sur notre gamme de C (do) majeur.
Dm (ré mineur) étant le deuxième degré de C (do), on parle de mode... dorien !
Encore que non, pas tout à fait. Pour pouvoir vraiment parler de dorien, il faut décaler notre point de départ. On ne fera plus C (do) - D (ré) - E (mi) - F (fa) - G (sol) - A (la) - B (si), mais bien D (ré) - E (mi) - F (fa) - G (sol) - A (la) - B (si) - C (do).
On a par conséquent les mêmes notes, mais les intervalles suivantes :
1 ton - 1/2 ton - 1 ton - 1ton - 1ton - 1/2 ton - 1 ton
Ce qui change tout.
Mais j'ai encore mieux. Notre accord de Dm (ré mineur) est le deuxième degré de C (do) majeur. Soit. Maintenant, et c'est là que vous allez commencer à comprendre la puissance des modes, on peut également le considérer comme... le troisième degré de la gamme de Bb (si bémol) majeur !
En effet, le troisième degré de la gamme de Bb (si bémol) majeur est bien Dm (ré mineur). On parle alors de mode phrygien.
Imaginez les portes que cela ouvre. Pour notre seul et bon vieux Dm (ré mineur), on va pouvoir improviser sur les gammes de C (do) majeur, on sera alors en dorien, Bb (si bémol) majeur, en phrygien, ou F (fa) majeur, en (a)eolien.
Et bien entendu, ça marche aussi pour les autres accords. Notre FM (fa majeur), est quatrième degré de C (do) majeur, mais aussi premier degré de F (fa), forcément. On pourra donc improviser sur ces deux gammes majeures.
Et concrètement, ça donne quoi ?
Et bien, si l'on regarde notre gamme de Bb (si bémol), on remarque qu'il y a deux bémols :
Bb - C - D - Eb - F - G - A
Donc, on va pouvoir faire passer, sur notre accord de Dm (ré mineur), tantôt un Eb (mi bémol), issu de la gamme de Bb (si bémol) majeur, tantôt un E (mi) naturel, issu de la gamme de C (do) majeur. On va avoir droit en prime à un beau chromatisme (F (fa), E (mi), Eb (mi bémol), D (ré)) qui va sonner, s'il est bien placé, à merveille.
Je vous laisse le soin d'essayer.
Et mais... non... c'est déjà la fin ? C'est tout ? Non...
Et bien si, c'est la fin. Vous avez toutes les clés en main pour travailler votre oreille. Il s'agit maintenant de découvrir tous ces modes, leur couleur, leur ambiance particulière. Une fois que ce sera fait, vous pourrez passer aux modes issus de la gammes mineure, puis aux modes plus "exotiques". En tout cas, croyez moi, y a du taff.
Aller, au boulot !
On parle généralement de musique modale par opposition à la musique tonale. Nous verrons, après avoir éclairci cette notion de "mode", qu'en réalité la musique tonale est également modale, et vice-versa.
Les modes
Les modes sont donc la base de la musique modale. Mais qu'est-ce donc qu'un mode, finalement ? Grossièrement, on peut les voir comme une façon particulière d'agencer une gamme. En réalité, c'est on ne peut plus complexe, mais en pratique la subtilité des différentes acceptions du mot nous est totalement égale...
Ce qu'il vous faut surtout retenir, c'est que chaque mode possède une couleur propre, une sonorité bien spécifique. Mon but ici est de vous permettre de découvrir les septs plus connus, et les autres par vous même.
Si la notion n'est pas encore très claire, prenez exemple sur la musique tonale. Le mineur et le majeur sont deux modes que vous devriez connaître.
Les septs modes dont j'ai parlé, donc, sont ceux issus de la gamme majeure. Chacun d'entre eux est associé à un certain degré, tel que :
1° degré = Ionien
2° degré = Dorien
3° degré = Phrygien
4° degré = Lydien
5° degré = Mixolydien
6° degré = Eolien ou Aeolien
7° degré = Locrien
Ces noms tarabiscotés viennent de la grèce antique, et sont certes assez rebutant au départ, mais bien pratiques.
Une petite boutade verra le jour :
" - Merci.
- Dorien ! "
Je suis bien conscient qu'une vague plaisanterie, pas si follichonne que ça en plus, ne compense pas l'effort nécessaire à l'apprentissage de noms forts savants qui tendent plus à vous faire passer pour un fou que pour un musicien, mais je vous assure qu'ils sont répandus, et bien usités. D'où problème.
Bref, vous vous demandez peut-être ce qui se cache derrière ces petits noms bien sympathiques, et surtout quelle en est l'application concrète. Ca, c'est la prochaine partie, et tenez-vous bien, ça décoiffe.
Au fait, plus d'info sur les modes, c'est ici : http://fr.wikipedia.org/wiki/Mode_%28musique%29.
Utiliser les modes
Bien, vous savez maintenant à peu près ce qu'est un mode, et qu'il en existe sept issus de la gamme majeure. Vous connaissez également leurs petits noms : ionien, dorien, phrygien, lydien, mixolydien, eolien ou aeolien, et locrien.
C'est fabuleux !
Oui. Ce qui l'est moins, c'est que vous ne savez toujours pas quoi faire d'eux...
Avant de vous expliquer tout ça, je me dois de m'assurer que même toi qui dors au fond de la salle suive.
Une gamme majeure s'agence donc avec les intervalles suivantes :
1 ton - 1 ton - 1/2 ton - 1 ton - 1ton - 1ton - 1/2 ton
Jusque là tout va bien.
Ce qui est plus important de savoir, c'est que selon la règle de création des accords, nous savons quel est le sexe de l'accord porté par chaque degré. Ainsi, on a (ici, accords de quatre sons) :
1° degré = M7 (majeur sept)
2° degré = m7 (mineur sept)
3° degré = m7 (mineur sept)
4° degré = M7 (majeur sept)
5° degré = 7 (sept tout court ou de dominante)
6° degré = m7 (mineur sept)
7° degré = m7/5b (mineur sept quinte bémol)
Par exemple, pour la gamme de C (do) majeur, on aura :
CM7 (do majeur sept)
Dm7 (ré mineur sept)
Em7 (mi mineur sept)
FM7 (fa majeur sept)
G7 (sol sept)
Am7 (la mineur sept)
Bm7/5b (si mineur quinte bémol)
Super, n'est-ce pas ? Patience, on y arrive !
Si vous avez l'habitude d'improviser, ou si cela vous est arrivé quelques fois, vous connaissez sans aucun doute, et, encore mieux, utilisez, les fameuses gammes dites "pentatoniques mineures".
C'est très bien, très pratique, on évite les fausses notes et on est sûr de soi. Le problème, c'est qu'au bout de 10 minutes, à moins de s'appeler Steve Vay ou Jimmy Page (ce qui n'est pas votre cas puisque vous êtes en train de lire cet article. Si cependant cela l'était bien, merci de me le signaler...), l'auditeur s'endort ou, pire encore, l'improvisateur lui-même.
Grâce aux modes issus de la gamme majeure (les pentatoniques sont aussi des modes), vous allez pouvoir donner de nouvelles couleurs à vos improvisations, mieux exprimer et partager vos sentiments, faire couler les larmes de l'auditoire quoi.
Il m'est cependant nécessaire ici de vous faire noter une chose importante. La musique est sans aucun doute l'art le plus proche des mathématiques, en ce sens que, comme elles, elle est d'une rigueur implacable, froide, belle. Néanmoins, la théorie elle-même ne peut être une fin en soi, elle n'a pour but que de nous donner le plus d'outils possibles afin de favoriser notre développement artistique. Mais la palette ne fait pas le peintre.
Peut-être n'est-ce pas très clair.
Passer du tonal au modal, c'est un peu comme passer du noir et blanc à la couleur. Certes. Il n'empêche que, couleurs ou pas, c'est à vous de peindre la toile. Et il existe aussi de nombreuses choses somptueuses en noir et blanc.
Ainsi, la connaissance des modes n'exclut pas le travail, au contraire. Elle élargit notre perception, ouvre de nouveaux paradigmes. Reste qu'il faut les découvrir un à un...
Bref, revenons en à nos brebis.
Nous avons dit que le deuxième degré de la gamme de C (do) majeur était D (ré), et qu'il était mineur.
Donc, lorsqu'on a un Dm (ré mineur) ou Dm7 (ré mineur sept), on peut improviser sur notre gamme de C (do) majeur.
Dm (ré mineur) étant le deuxième degré de C (do), on parle de mode... dorien !
Encore que non, pas tout à fait. Pour pouvoir vraiment parler de dorien, il faut décaler notre point de départ. On ne fera plus C (do) - D (ré) - E (mi) - F (fa) - G (sol) - A (la) - B (si), mais bien D (ré) - E (mi) - F (fa) - G (sol) - A (la) - B (si) - C (do).
On a par conséquent les mêmes notes, mais les intervalles suivantes :
1 ton - 1/2 ton - 1 ton - 1ton - 1ton - 1/2 ton - 1 ton
Ce qui change tout.
Mais j'ai encore mieux. Notre accord de Dm (ré mineur) est le deuxième degré de C (do) majeur. Soit. Maintenant, et c'est là que vous allez commencer à comprendre la puissance des modes, on peut également le considérer comme... le troisième degré de la gamme de Bb (si bémol) majeur !
En effet, le troisième degré de la gamme de Bb (si bémol) majeur est bien Dm (ré mineur). On parle alors de mode phrygien.
Imaginez les portes que cela ouvre. Pour notre seul et bon vieux Dm (ré mineur), on va pouvoir improviser sur les gammes de C (do) majeur, on sera alors en dorien, Bb (si bémol) majeur, en phrygien, ou F (fa) majeur, en (a)eolien.
Et bien entendu, ça marche aussi pour les autres accords. Notre FM (fa majeur), est quatrième degré de C (do) majeur, mais aussi premier degré de F (fa), forcément. On pourra donc improviser sur ces deux gammes majeures.
Et concrètement, ça donne quoi ?
Et bien, si l'on regarde notre gamme de Bb (si bémol), on remarque qu'il y a deux bémols :
Bb - C - D - Eb - F - G - A
Donc, on va pouvoir faire passer, sur notre accord de Dm (ré mineur), tantôt un Eb (mi bémol), issu de la gamme de Bb (si bémol) majeur, tantôt un E (mi) naturel, issu de la gamme de C (do) majeur. On va avoir droit en prime à un beau chromatisme (F (fa), E (mi), Eb (mi bémol), D (ré)) qui va sonner, s'il est bien placé, à merveille.
Je vous laisse le soin d'essayer.
Et mais... non... c'est déjà la fin ? C'est tout ? Non...
Et bien si, c'est la fin. Vous avez toutes les clés en main pour travailler votre oreille. Il s'agit maintenant de découvrir tous ces modes, leur couleur, leur ambiance particulière. Une fois que ce sera fait, vous pourrez passer aux modes issus de la gammes mineure, puis aux modes plus "exotiques". En tout cas, croyez moi, y a du taff.
Aller, au boulot !